
Il n'existe à ce jour aucun remède pour guérir le diabète de type 2, la forme la plus fréquente de cette maladie chronique qui touche près de deux millions et demi de Canadiens. Les recherches de Marc Prentki, professeur au Département de nutrition à l'Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), visent à comprendre comment les cellules du pancréas se dérèglent au moment où la maladie se manifeste. Chez une personne normale, le taux de sucre dans le sang augmente lorsqu'elle mange des aliments sucrés. Pour rétablir l'équilibre, le pancréas sécrète de l'insuline. Cette hormone importante contrôle l'utilisation du sucre (glucose) et des graisses. Biochimiste spécialisé en diabète, Marc Prentki a découvert des mécanismes expliquant comment le glucose stimule la cellule bêta du pancréas pour lui faire sécréter de l'insuline et comment ce processus est altéré chez les personnes diabétiques de type 2. Cette forme de la maladie apparaît habituellement à l'âge adulte et peut entraîner de graves complications et le décès prématuré.
Les travaux de Marc Prentki, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le diabète et le métabolisme, cherchent à identifier les défauts qui surviennent dans la cellule bêta du pancréas au tout début de la maladie et quand la maladie s'aggrave avec le temps. Le chercheur s'intéresse en particulier aux signaux à l'intérieur des cellules qui agissent comme intermédiaire entre le glucose et l'insuline.
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En 2014, son laboratoire a découvert des rôles importants pour une nouvelle enzyme clé du métabolisme des lipides, appelée alpha/bêta hydrolase domaine-6, ou plus simplement ABHD6. Il a démontré que cette enzyme joue un rôle dans la stimulation de la sécrétion d'insuline par le glucose et que si on inhibe ABHD6 avec des agents pharmacologiques, la sécrétion d'insuline augmente. Fait encore plus intéressant : les souris génétiquement modifiées pour ne pas exprimer cette enzyme, ou qui sont traitées avec des composés qui inhibent cette enzyme, ont moins d'appétit, sont protégées de l'obésité, font volontairement plus d'exercice et sont plus sensibles à l'insuline. Ces souris idéales sur le plan métabolique présentent aussi une étrange particularité : leur tissu adipeux, c'est-à-dire leur gras, se transforme et passe du blanc au brun. Puisque le tissu adipeux brun brûle les graisses, cela explique peut-être pourquoi ces souris sont protégées de l'obésité et du diabète.Récemment, le chercheur a identifié une autre enzyme impliquée dans le métabolisme du glucose. Cette enzyme joue un rôle important dans le contrôle de la glycémie et du stockage des graisses. Grâce à des financements de l'industrie et à la subvention du volet Fondation des IRSC, Marc Prentki va tester des molécules qui ont le potentiel d'agir sur ces enzymes. Il espère développer un médicament efficace contre le diabète et l'obésité d'ici une dizaine d'années.
Si l'exercice et une saine alimentation aident à prévenir ou à retarder le début du diabète de type 2, les seuls médicaments actuellement disponibles – tels la metformine ou l'insuline – se limitent à retarder l'apparition des complications de cette maladie, comme l'insuffisance rénale, la rétinopathie ou les neuropathies. Trouver un traitement qui s'attaquerait à la fois au dérèglement de la cellule bêta dans le pancréas et aux causes de l'obésité constituerait une petite révolution. Un tel médicament pourrait non seulement stimuler la sécrétion d'insuline chez les personnes diabétiques de type 2, mais aiderait les personnes obèses et diabétiques à maigrir. Voilà la quête de Marc Prentki.
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