
La prévalence de la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA) a atteint des proportions épidémiques depuis quelques années. Alors que la plupart des patients atteints par la SHNA sont caractérisés par une infiltration lipidique modérée dans le foie, certains cas plus avancés de la maladie (près de 5 % de la population) sont caractérisés par une inflammation lobulaire qui peut à son tour progresser en fibrose ou en cirrhose hépatique. Aux États-Unis, près de 30 % de la population est atteinte par la SHNA et plusieurs données portent à croire que des prévalences similaires pourraient être observées en Europe, si la tendance se maintient. En effet, la présence et la progression de la SHNA sont étroitement associées à certaines conséquences de notre mode de vie telles que l’obésité et le diabète de type 2. L’identification des patients avec SHNA est un défi en pratique clinique et, même si certaines études ont documenté les effets de certaines interventions sur la SHNA, la littérature scientifique sur la prise en charge de ces patients avec différents niveaux de SHNA est peu abondante.
Un récent article publié dans le Journal de l’Association médicale américaine présente les résultats d’une revue systématique de la littérature sur la SHNA qui a été conduite par la Dre Mary E. Rinella de l’Université Northwestern à Chicago (http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2319168). L’objectif de cette revue systématique était de rassembler toute la littérature scientifique sur la SHNA afin d’en identifier les causes et la prévalence de la SHNA ainsi que de déterminer comment on devrait identifier et, surtout, traiter les patients avec SHNA. Sans surprise, l’obésité abdominale, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies, le diabète de type 2 et le syndrome métabolique ont été identifiés comme les principaux facteurs de risque de la SHNA. En effet, l’accumulation de graisse viscérale ou intra-abdominale de même que l’inflammation et la résistance à l’insuline sont des joueurs majeurs dans le développement de la SHNA. Par ailleurs, l’adiposité viscérale et plusieurs des autres facteurs de risque de la SHNA sont étroitement associés à un mode de vie sédentaire. Malheureusement, l’association entre les facteurs de risque associés au mode de vie tel que la pratique d’activité physique, la sédentarité, la quantité et la qualité de l’alimentation, la consommation de sucre, etc. n’ont pas été inclus dans l’évaluation des causes de la SHNA. En effet, plusieurs autres études ont établi le lien entre ces facteurs de risque associés au mode de vie, l’accumulation de graisse hépatique et la SHNA. Cependant, en présentant les types de traitements offerts pour la SHNA, la Dre Rinella a fait référence à plusieurs études d’intervention réalisées sur le sujet. Par exemple, il a été démontré qu’une perte de 10 % du poids corporel était associée à des améliorations majeures des conséquences de la SHNA sur le plan histologique. Par ailleurs, dans une étude menée auprès de 154 patients, une résolution de la SHNA a été observée chez 64 % des patients référés à un programme d’intervention sur les habitudes de vie offert par un nutritionniste ayant pour objectif l’amélioration de la qualité nutritionnelle et la pratique d’activité physique d’intensité modérée au moins trois fois par semaine. Dans une autre étude, l’adoption d’une alimentation de type méditerranéen a été associée à une diminution significative de la graisse hépatique, et ce, même en absence de perte de poids. Même s’il est clairement démontré que la pratique régulière d’activité physique est associée à une diminution de la graisse hépatique (encore une fois avec ou sans perte de poids), peu d’études ont tenté d’identifier quel type d’activité physique était le plus efficace dans la prise en charge de la SHNA.
L’auteure a également identifié des agents pharmacologiques qui pourraient être utiles dans le traitement de la SHNA tels que la vitamine E, la pioglitazone et la pentoxifylline. Cependant, il a été conclu que peu d’entre eux ont démontré une efficacité réelle et que la plupart de ces agents ne sont pas autorisés aux États-Unis ou en Europe. Finalement, une approche intéressante et innovatrice basée sur des biomarqueurs et des caractéristiques cliniques a été proposée afin de mieux identifier les patients avec SHNA en pratique clinique. Des études additionnelles seront nécessaires afin de valider cette approche qui pourrait cependant permettre aux professionnels de la santé de mieux identifier les patients qui pourraient bénéficier de certaines interventions thérapeutiques. À cet égard, la revue systématique identifie clairement les interventions misant sur les habitudes de vie visant à améliorer la qualité nutritionnelle et à augmenter les niveaux d’activité physique afin de prévenir et traiter la SHNA.
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