jueves, 19 de mayo de 2016

Rétinopathie diabétique : comment le diabète peut rendre aveugle


La vision d'une personne atteinte d’une hémorragie du vitré due à une rétinopathie diabétique proliférante. Ligue Braille 

Touchant la moitié des diabétiques de type 2, la rétinopathie est une grave complication de cette pathologie pouvant conduire à une cécité en l’absence d’un traitement adapté.


Qu'est-ce que c'est ?

La rétinopathie diabétique, caractérisée par des lésions de la rétine de l'œil, est une grave complication du diabète qui touche 50 % des patients diabétiques de type 2 (à différents stades), selon la Fédération française des diabétiques. Le diabète est ainsi responsable de 12 % de l’ensemble des cas de cécité dans les pays occidentaux ! Plusieurs facteurs favorisent la survenue d'une rétinopathie diabétique et accélèrent sa progression : l'ancienneté du diabète, le niveau de glycémie, un diabète instable, l'hypertension artérielle, le tabagisme, etc. Cette pathologie peut accélérer la survenue d'autres maladies des yeux comme les glaucomes ou la cataracte, et même conduire à la cécité en l’absence d’un traitement adapté.

Comment ça s'explique ?

Réceptionnant les ondes lumineuses et les transmettant au cerveau via le nerf optique, la rétine (voir schéma ci-dessous) est une fine membrane de l'œil parcourue par une multitude de petits vaisseaux, les capillaires. L'excès de sucre dans le sang - comme dans le cas d'un diabète - fragilise la paroi de ces derniers, entraînant une perte d'étanchéité. Il s'ensuit la rupture puis l'éclatement de ces vaisseaux (on parle de "micro-anévrismes"). Au fur et à mesure, des zones étendues de la rétine ne sont plus oxygénées. En réaction, la rétine produit de nouveaux vaisseaux encore plus fragiles.
Le phénomène s'amplifie et s'étend jusqu'à la macula (zone au milieu de la rétine), où se situe le centre de la vision. La macula s'épaissit, et il se produit alors un œdème maculaire responsable d’une baisse de l’acuité visuelle qui peut être très importante et que partiellement réversible. De surcroît, les vaisseaux nouvellement produits par la rétine peuvent saigner dans le vitré (zone située devant la rétine), conduisant dans certains cas à un risque de déchirure et donc de décollement de la rétine, responsable d’une perte définitive de la vision.

Les médecins distinguent deux types de rétinopathies : la rétinopathie non proliférative, caractérisée par quelques micro-anévrismes et quelques micro-hémorragies, moins grave que la rétinopathie diabétique proliférative, pour laquelle l'on observe de vastes hémorragies.

Quels sont les symptômes ?

Si certains troubles de la vue peuvent indiquer la présence d'une rétinopathie diabétique (lettres déformées à la lecture, difficultés à passer de la lumière à l'obscurité, etc.), la maladie s'installe souvent sans donner de signes d'alerte. On peut donc malheureusement être atteint de rétinopathie même avec une bonne vue et en l'absence de symptôme... D'où l'importance d'un contrôle régulier par un spécialiste et d'un dépistage précoce pour les patients atteints de diabète.
Vue non-déficiente
Quand elle est légère, l'hémorragie du corps vitré provoque la vision de quelques taches obscures. Ces deux images ci-dessous illustrent la vision d'une personne voyante (image du haut) et d’une personne atteinte d’une hémorragie du vitré due à une rétinopathie diabétique proliférante (image du bas).


© Ligue Braille

Comment le dépister ?

Vue atteinte d'une hémorragie du vitré due à une rétinopathie diabétique proliféranteLe traitement de la rétinopathie diabétique exige une collaboration étroite entre l'ophtalmologue, le diabétologue et le médecin généraliste. Diagnostiquée à temps (l'ophtalmologue réalise un simple "examen de fond d'œil", obtenu par dilatation de la pupille), la maladie peut être traitée efficacement. Pour confirmer le diagnostic, l'ophtalmologue procède à plusieurs examens comme la mesure de l'acuité visuelle, la tension de l'œil, voire une angiographie rétinienne (qui informe sur la perméabilité des vaisseaux rétiniens).
Problème : en France, le taux de dépistage de la rétinopathie diabétique reste insuffisant. En 2014, près de 40 % des patients diabétiques n'ont pas eu de contact avec un ophtalmologiste depuis plus de 2 ans, alors que le rythme de dépistage recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS) est tous les ans pour la majorité des patients, tous les 2 ans pour certains d'entre eux à risque oculaire moindre.
Afin de contribuer à améliorer le dépistage, l'Assurance maladie a donc autorisé les orthoptistes et infirmiers à réaliser un acte court et moins contraignant, le rétinographe non mydriatique, qui consiste en une photographie numérique du fond d'œil sans dilatation de la pupille. Toutefois, en 2015, cette mesure n'avait pas encore permis d'amélioration du dépistage. "L'objectif était de permettre à 500.000 voire 600.000 patients diabétiques de bénéficier de cet examen, or seuls 5.000 ont répondu présent, entraînant une dépense de seulement 0,7 % du budget alloué à cette mesure", expliquait le Dr Thierry Bour, président du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), à l’occasion du congrès de la Société française d’ophtalmologie (SFO), qui s'est clôturé ce 10 mai 2016 à Paris.

Quelle prévention et quel traitement ?

Il est possible de prévenir la rétinopathie diabétique par un contrôle régulier (au moins une fois par an) chez un ophtalmologue, l'atteinte de l'équilibre glycémique, une tension artérielle maîtrisée, ainsi qu'une bonne hygiène de vie.
Lorsque des lésions diabétiques débutantes sont découvertes, elles doivent être stabilisées. Le traitement utilisé est la photocoagulation au laser. Celui-ci a pour but de traiter les zones d'ischémie (pauvres en apport d'oxygène), ce qui amène une régression des vaisseaux anormaux. "Le laser est très efficace pour freiner l'évolution de la maladie et empêcher la cécité", indique la Fédération française des diabétiques. Toutefois, à la suite du traitement, il arrive que certaines personnes notent une baisse de la vision périphérique et de la vision nocturne. Dans le cas d'une rétinopathie diabétique proliférative avec hémorragie du vitré, une vitrectomie peut être indiquée : il s'agit d'une intervention chirurgicale qui consiste à extraire le corps vitré. Dans ces cas, le traitement au laser est complété après l'évacuation de l’hémorragie du vitré.

Source: sciencesetavenir.fr

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