
Le temps de la maladie pour un diabétique
est difficile à percevoir. Pourtant, cela est essentiel dans le contrôle
de la maladie. C'est pourquoi certains médecins s'efforcent à apprendre
au diabétique à maîtriser leur temps
Une étude de l'Université de Californie
montre que la perception du temps fait varier le niveau de sucre dans le
sang des diabétiques de type 2. Le rôle du process psychologique dans la gestion de la maladie est-il donc essentiel ?
La difficulté dans le
diabète de type 2 est le caractère très silencieux de ses symptômes ;
d'ailleurs, ceux-ci sont bien souvent absents. En réalité, on crée un
symptôme en permettant au patient de mesurer son taux de sucre. Mais il
s'agit en fait d'un symptôme biologique.
On est souvent dans une logique de prévention des
problèmes de santé qui peuvent arriver à long terme. Le temps est très
allongé et les conséquences paraissent toujours lointaines. A partir de
là, les stratégies du patient pour se défendre sont très variées,
certaines étant caractérisées par la rationnalité du patient qui
comprend qu'il ne faut pas que les contraintes se transforment en maladie. Ils ont alors une capacité à se projeter dans le temps. C'est en ce sens que psychologiquement, ils vont anticiper.
Et d'un autre côté, il existe d'autres situations où
n'ayant pas de rappels, d'alertes, le temps s'écoule, sans que cela ne
demande de prise de conscience. Plus que la perception du temps, qui certes joue un rôle, c'est en fait la perception du risque. Et c'est ce risque qui ne doit pas occuper tout le temps de la maladie.
En fait, ce qui est difficile et particulier dans
cette maladie chronique, c'est la quasi-absence de sanctions immédiates
(à part en cas de montée de sucre - hyperglycémie) où quand les
médicaments font baisser le taux de sucre (hypoglycémie), il y a des
rappels à l'ordre.
La perception du temps court peut désavantager, mais
celle du temps long est essentielle : avoir un projet, une idée d'avenir
peut modifier les habitudes de patient plus positivement.
Quels sont les techniques thérapeutiques utilisées pour que le patient gère au mieux sa maladie, sans être obnubilé par son taux de sang ?
Ce qui est certain, ce que la représentation du temps des soignants et des patients n'est pas du tout la même.
Le médecin doit donc comprendre qu'elle est la représentation que le
patient se fait de son temps de malade. Le cas limite est évidemment
celui du déficit d'informations. Mais généralement, il n'y a pas de
déficit d'informations, le patient développant plutôt sa stratégie de
défense. On est ici dans des cas très particuliers, qui ont donc bien à
voir avec la psychologie du patient. Pour cela, il faut développer des
stratégies de coping (la manière utilisée par les individus pour appréhender le facteur de stress) et donc adaptées.
Le médecin doit savoir ce que le patient sait, pense,
et veut faire de sa maladie. Et ce nécessairement à partir du patient,
jamais à partir d'une information verticale qui ne sert pas à
grand-chose.
Comment s'adapter à cette multitude de profils psychologiques reflétant appréhensions, envies et compréhensions de leur maladie ?
Encore une fois, il n'y a pas de truc. Il
faut sans cesse favoriser l'expression, pour que le patient lui-même
fasse l'analyse et enclenche seul les changements de comportements
nécessaires. Car c'est bien le cœur du problème : les leviers
dans un diabète de type 2 sont l'alimentation, l'exercice physique et la
prise de médicaments, c'est -à-dire des éléments très lourds à intégrer
dans un quotidien. Ce changement radical, cette rupture, est en fait
peu spectaculaire à première vue pour un diabétique. Ce genre de maladie
chronique doit permettre de créer une transmission de compétence. Et
donc créer un climat favorable pour l'anxieux qui veut tout contrôler et
l'autruche qui ne veut pas voir la réalité en face. D'où l'utilité des
groupes dans la confrontation de la maladie. Les canaux émotionnels qui y
sont ouverts sont déterminants.
Source: atlantico.fr
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